jeudi 2 octobre 2025

TIRE-BOUCHONS : JHP ou J-P, LES MARQUES DE FABRIQUE DÉPOSÉES PAR PÉRILLE

 
Amis blogueurs, bonsoir !


J'ai évoqué dans un récent article 

les marques de fabrique déposées par Jacques Pérille.



Marque figurant au fronton de l'usine Pérille, 
retrouvée par Gérard Bidault




L'usine Pérille à Mouroux, avec le sigle au fronton



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Le contexte de la fin des années 1870


Le contexte, c'est celui du procès en contrefaçon intenté et perdu par Jacques Pérille contre Louis Eugène Trébutien :

- Jacques Pérille, champion avant l’heure de la « veille technologique », s’inspire de ce que fait la concurrence française, mais aussi anglo-saxonne, pour devenir fabricant, créer des modèles qu’il fait breveter et déposer ses propres marques.
- C'est ainsi qu'il présente en public en 1876 un "tire-bouchon à hélice", probablement inspiré des fabrications des américains Philos et Eli Whitney Blake, et dont il revendique l'invention : le modèle est retenu pour l'Exposition Universelle de Paris 1878 et va y obtenir un grand succès.
- Le premier brevet pour ce tire-bouchon à hélice est demandé par Pérille le 14 avril 1876 et obtenu le 16 juin 1876 sous le numéro 112 465 : il est donc antérieur à l'Exposition Universelle, mais postérieur à la présentation en public.
- Après l'Exposition, Louis Eugène Trébutien s'engouffre dans la brèche et copie sans vergogne le tire-bouchon à hélice de Pérille, nouveauté consacrée par son succès.
- Décidé à faire condamner Trébutien pour contrefaçon, et voulant renforcer ses arguments, Pérille dépose alors deux marques de fabrique le 26 février 1879 - donc après l'Exposition Universelle - auprès du Greffe du Tribunal de la Chambre de Commerce de la Seine.

Note : Les deux précieux documents qui suivent ont été retrouvés il y a quelques mois par notre amie Pascale Lhermitte et ont été reproduits dans mon livre "Tire-bouchons Français – Fabricants, Catalogues et Documents Commerciaux".



"JHP" - Dépôt de marque du 26 février 1879 
enregistré au Greffe du Tribunal de Commerce de la Seine sous le n° 12 600.



"Tire-bouchons à hélice" - Dépôt de marque du 26 février 1879 
enregistré au Greffe du Tribunal de Commerce de la Seine sous le n° 12 601.


- Mais ces démarches a posteriori ne changeront pas le cours du procès, la Cour de cassation rejetant un ultime renvoi de Jacques Pérille le 26 janvier 1884.
- De nombreux autres fabricants copieront alors à leur tour le tire-bouchon à hélice de Pérille. Le procès fait jurisprudence et la leçon retenue du plus grand nombre : il faut protéger avant d'exposer !


Il me fallait rappeler ces faits, mais ce n'est pas là le propos du jour. C'est sur la première marque de fabrique déposée que j'attire votre attention :


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JHP et non JP !




Extrait du dépôt de marque JHP N° 12 600


Le déposant mandataire de Jacques Pérille précise bien : 
"Ladite marque se compose des lettres J H P groupées comme ci-contre" et pouvant être reproduites seules, ou en combinaison avec un cercle, un compas, etc... etc."
Le sigle est donc bien composé des lettres J H P groupées... et non J P ! 


L'acte de baptême de Pérille est pourtant sans équivoque : fils d'André Pérille, il est né le 22 décembre 1837 à Joigny (Yonne) et a été prénommé Jacques Augustin, sans autre prénom commençant par la lettre H.



Acte de baptême de Jacques Augustin Pérille


A quoi pouvait donc correspondre la lettre H ? 
Nous ne le saurons probablement jamais, mais les contemporains de Pérille ont préféré y voir ses seules initiales J et P, reliées par un tiret.
Et nos fondateurs, de bonne foi, s'y sont fait prendre. 
Gérard Bidault écrit ainsi, dans "Les tire-bouchons français - Modèles et fabricants" :
Le sigle "JP" déjà déposé par Jules Piault avant lui, sera assemblé comme on le connaît par une barre de liaison. Il est, durant les premières années de fabrication, surmonté d'un compas. Ceci étant clairement établi, qu'on ne parle plus jamais de J.H.P."

Et pourtant il le faudra, jusqu'à pouvoir expliquer la raison de la présence de ce "H" !


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Une autre marque déposée par Jacques Pérille


Il est difficile de retrouver une marque de fabrique parmi les dizaines de milliers déposées à la fin du XIXe siècle et conservées par familles de métiers et par ordre chronologique sur le site de l'Institut National de la Propriété Industrielle (INPI).
Ne pouvant effectuer une recherche à partir des noms des déposants, il est impossible de lister de manière certaine et exhaustive leurs marques de fabrique successives.

Concernant Jacques Pérille cependant, nous avons retrouvé un autre dépôt de marque en 1892, pour le tire-bouchon DIAMANT qui avait été breveté en 1888 :



"Diamant" - Dépôt de marque du 11 octobre 1892
enregistré au Greffe du Tribunal de Commerce de la Seine.



La marque réunit bien les lettres JHP, comme l'avait voulu Jacques Pérille, suivies des mentions PARIS. Bté S.G.D.G. N° 186.560 24 OCT. 1887. DEPOSE.
Le brevet avait été délivré le 19 janvier 1888.


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Et le dépôt de marque nous offre - comme une preuve - la signature de Jacques Pérille :






M


jeudi 25 septembre 2025

TIRE-BOUCHON "J.C.P." : UN JULES PIAULT PEUT EN CACHER UN AUTRE

 


Amis blogueurs, bonsoir !


Un échange récent avec notre ami Bernard Devynck m'a conduit à reprendre encore et encore l'enquête sur la famille Piault.


Voici un extrait de son message :

"Comme tu l'indiques, Jules Piault dépose un rapport de présentation du 21 mars 1883 à la chambre de commerce de Paris, contre l'importation de produits frauduleux estampillés "PARIS" ou portant la mention "parisien". Ceci lui vaut-il reconnaissance, pour une nomination de Chevalier de légion d'honneur en septembre 1883, c'est ce que j'ai retrouvé sur le site www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr et plusieurs éléments constitutifs de cette nomination émanant de Jules Piault, fabricant de coutellerie à Paris [notamment celui] qui statue et acte sa date de naissance : né le 17 mars 1828 de parents, François Piault, coutelier et de Rose Denichère.
Donc toujours incertitude sur sa date de décès, mais une autre proposition de naissance. 
Peux-tu vérifier la source de ta date du 4 octobre 1824 ?"


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Vérifier la date du 4 octobre 1824


De fait, Bernard Devynck touche du doigt un problème : deux couteliers contemporains tous deux nommés Jules Piault Jules, sans autre prénom, sont nés à Châtellerault, l'un en 1824, l'autre en 1828.
A partir de là, tout s'embrouille : celui qui a commercialisé le tire-bouchon à hélice marqué "PARIS J.C.P." n'est pas le bon !


Dans son Dictionnaire du tire-bouchon français, Gérard Bidault écrit à propos de Jules Piault :
"Ancienne maison de coutellerie qui possède des ateliers de fabrication à Langres et à Nogent-en-Bassigny, mais le principal se trouve à Châtellerault. Elle possède également depuis 1820, un magasin de vente parisien, 18 rue Greneta.
Lorsque ce descendant reprend l'activité en 1860, la maison va développer une solide réputation pour la qualité de sa production. Il a déposé le sigle "J.P" dans un cercle surmonté d'une couronne.
Le seul modèle de tire-bouchon connu de cette maison est un modèle à hélice, marqué à son nom, avec la mention "Breveté", dont la fabrication était certainement sous-traitée.
Il va exercer par la suite avec son fils qui marquera ce modèle hélice de son sigle "J.C.P." et au dos "Paris" où il tient magasin et fabrique 68 rue de Turbigo;
Il décède à Rochefort-sur-Mer en 1878."

... et je lui ai emboîté le pas ! Mais nous nous trompions tous les deux et les imprécisions et erreurs des sites généalogiques ne nous ont pas aidés !


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Le premier Jules Piault


Le premier Jules Piault est né le 4 octobre 1824 à Châtellerault (Vienne), fils de Jacques Piault, coutelier, et Marie Pagé, elle-même issue d'une famille châtelleraudaise de couteliers.
[Pagé ? Comment ne pas penser ici à un autre châtelleraudais, Camille Pagé, l'auteur de "La Coutellerie depuis l'origine jusqu'à nos jours", ouvrage consulté pour le présent article].
Ce Jules Piault s'est marié en 1848 avec Adèle (ou Adélaïde) Daillé (1829-1902) et en a eu trois enfants : 
- Adelson (1850- vers 1930), qui sera voyageur de commerce,
- Juliette Marie (1857-1936), sans profession, qui épousera un menuisier,
- Eugène Charles (1860-1942), horloger de formation, qui s'engagera comme armurier dans l'armée de 1879 à 1900.

J'écrivais dans un précédent article que, selon Gérard Bidault, le marquage "J.C.P." de l'hélice Piault, datait de la période ou Jules Piault avait associé son fils Eugène "Charles", "J.C.P." correspondant donc à Jules et Charles Piault.
J'ajoutais que cette période d’association entre Jules et Charles Piault - si elle avait existé - avait forcément été très courte, puisque Charles, né en 1860, s’était engagé dans l'armée dès 1879... d'autant que son père était décédé à Rochefort en 1878, selon Gérard Bidault !

Mais cette dernière date n'était pas non plus la bonne. J'ai fini par retrouver les curieuses circonstances du décès de Jules Piault : il a été trouvé mort sous un pont, dans la commune d’Yves, Charente inférieure, le 29 novembre 1866, et a d’abord été enregistré comme inconnu. Un acte rectificatif a établi son identité six mois plus tard, le 2 avril 1867.



Acte de décès de Jules Piault 
rectifié par jugement du tribunal civil de Rochefort


Cette disparition de Jules Piault en 1866 modifie quelque peu l'analyse :
- 1866, c'est dix ans avant l'invention du tire-bouchon à hélice... ce Jules Piault là ne pouvait pas en avoir passé commande à Jacques Pérille !
- Ce n'est non plus lui qui aurait pu présenter un rapport à la Chambre de Commerce de Paris en 1883 !
- En 1866, ses enfants devenus orphelins ont respectivement 16, 9 et 6 ans ! 
- Le benjamin, Eugène Charles, ne deviendra pas coutelier : il ne commencera sa formation d’horloger que des années plus tard, avant de s'engager dans l’armée à 19 ans.
- Evidemment, Jules Piault là ne pouvait pas non plus être associé à Louis Leroy, repreneur de l'entreprise éponyme, en 1885.

Conclusion : ce n'est pas le bon Jules Piault !


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Le second Jules Piault


Le second Jules Piault, ou "Piault fils", est né le 17 mars 1828, également à Châtellerault, de François Piault, coutelier, et de Rose Denichère.
Il épouse à Paris, en 1859, Jeanne Elisa Nivoit (1837-1918), laquelle accouchera d'un enfant sans vie en 1860. Le couple n'aura pas d'autre enfant.

Héritier d'une grande famille de couteliers ayant des ateliers à Langres, Nogent-en-Bassigny et Châtellerault, Jules Piault succède à son père, fondateur de l'entreprise en 1830 et en prend les rênes en 1865, avec fabrique au 68 rue de Turbigo et magasin au 18 rue Greneta à Paris. Ses fabrications, services et orfèvrerie de table notamment, sont très appréciées d'une clientèle fortunée.
La marque de fabrique est d'abord composée d'un ovale marqué au nom et à l'adresse de l'entreprise et entourant les initiales J.P surmontées d'une couronne royale :




Cette marque a évolué ensuite pour devenir :
- un cercle dentelé, entourant la couronne royale, laquelle rappelle que "Piault père" avait été fournisseur de la Cour avant le Second Empire, 
- les initiales de "Piault fils", "J.P.", 
- et la mention "Bté S.G.D.G." (mention légale établie en 1844).




Nous ne reviendrons pas sur la paternité du tire-bouchon à hélice "J.C.P." que nous attribuons à Jacques Pérille... un Jacques Pérille qui devra se distinguer de ce marquage, mais s'en est peut-être inspiré !


Rien d'étonnant à une telle commande : le grand coutelier Jules Piault "Fils" et l'inventif  fabricant d'acier poli Jacques Pérille sont contemporains et se connaissent : 
- tous deux participent ainsi à l'exposition universelle de Paris en 1878, ... en même d'ailleurs qu'un certain Louis Eugène Trébutien !
- ils se retrouvent aussi en 1883 pour représenter la France à l'exposition internationale d'Amsterdam :



Catalogue officiel de l'exposition internationale, coloniale et d'exportation générale
d'Amsterdam, 1883


Jules Piault œuvre pour la protection de la production française et est l'auteur d'un rapport présenté le 21 mars 1883 à la Chambre de Commerce de Paris contre l'importation de produits frauduleux estampillés "PARIS" ou portant la mention "... parisien". On l'imagine donc mal copiant ou faisant copier par un autre l'invention de Jacques Pérille.
Ses mérites sont reconnus par une nomination de Chevalier de la Légion d'honneur en septembre 1883. Ces éléments ont été retrouvés par Bernard Devynck sur le site www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr. 



Etat des services rendus par Jules Piault


Et, vers 1885, Jules Piault, faute d'avoir un héritier, s'associe à son futur repreneur, Louis Leroy.



Le Panthéon de l'industrie : journal hebdomadaire illustré 01.01.1895


En 1910, l'entreprise passera aux mains de Robert Linzeler.
Jules Piault, dit "Piault fils", meurt en 1916.


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C'est en tout cas pour ce Jules Piault là, dit "Piault fils", coutelier, et non pas pour son homonyme également coutelier, que Jacques Pérille a fabriqué un tire-bouchon à hélice marqué J.P ou J.C.P sous une couronne dans un cercle dentelé.


Marquage J.P 
Les tire-bouchons français Gérard Bidault



Deux questions demeurent :
Comment dater la fabrication ? Le créneau est finalement plus ouvert que nous le pensions : 
- dans tous les cas, cette fabrication intervient entre le dépôt de brevet par Pérille en 1877 et l'association Piault-Leroy en 1885, 
- et très probablement entre le dépôt par Pérille de ses marques de fabrique en 1879 et le rapport de Piault présenté en 1883, période pendant laquelle le premier va perdre son procès en contrefaçon intenté à Trébutien.





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A qui correspond le "C" du marquage "J.C.P."


Gérard Bidault pensait que ce sigle datait de la période où Jules Piault avait associé son fils Charles, et que "J.C.P." correspondait donc à Jules et Charles Piault. Mais on voit bien que c'est impossible : Eugène "Charles" Piault est le fils de l'autre Jules Piault, et Jules Piault dit "Piault fils" n'a pas eu de descendance, alors ?

Nos recherches sur le site de l'I.N.P.I. ne nous ont pas permis de retrouver le dépôt de marque de fabrique "J.P à la couronne" de Jules Piault, ni celui "JHP au compas" de Jacques Pérille... mais ces marques ont-elles été déposées ?

Lionel Belhacène rappelle que "J et P", c'est aussi Jacques Pérille et se demande s'il ne faut pas voir ici un premier marquage (jusqu'à l'exposition) avec toujours ce "C" qui reste inexpliqué ? 
L'idée est intéressante et... sortirait Jules Piault du jeu !


Nous nous arrêterons sur ces questionnements !
Merci à François, Lionel et Bernard pour leurs contributions.



M

mardi 23 septembre 2025

APRÈS LA VENTE AUX ENCHÈRES DE TOURS LE 17 SEPTEMBRE 2025

 


Amis blogueurs, bonjour !


Je suis allé il y a quelques jours à la

vente aux enchères organisée à Tours ce 17 septembre 2025

par Maître Rémi Gauthier, commissaire-priseur, Maxime Paillisson tenant le rôle d'expert.

Tours, c'est loin de chez moi : près de 600 km, de quoi se perdre sur la route avant de retrouver les amis du côté de Vendôme.
Tours, c'est aussi très proche de mon berceau familial et j'avais donc le projet d'y visiter un cousin... lequel choisit ce moment pour aller passer quelques jours sur la côté atlantique ! Tout faux !!


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Je n'étais donc déjà pas très inspiré, sinon par le plaisir de revoir là-bas notre groupe d'amis du CFTB et de découvrir les nouvelles installations de l'hôtel des ventes Giraudeau, à Joué-lès-Tours.

Et de fait nous nous sommes retrouvés entre complices : Patrick, Philippe, Alain, Jean-Pierre et Jean-Pierre, Maxime... pour admirer, voire tester les tire-bouchons mis en vente :


Admirer, choisir, tester...


Rémi nous a fait visiter les bureaux techniques, les lieux d'expertise et de stockage des objets bientôt mis en vente : œuvres d'art, céramiques, objets scientifiques, livres, philatélie, vins, armes, bijoux... tous bien référencés, ou la zone de remise des objets vendus à leurs acheteurs : une vraie "usine" !



La visite guidée par Rémi Gauthier


Et puis la vente a commencé :



La salle des ventes


Un petit groupe de passionnés dans la salle, mais combien d'enchérisseurs en direct, via Drouot.com ou Interenchères ? Cette salle est cependant indispensable, créant une ambiance irremplaçable par les échanges souvent humoristiques entre le commissaire-priseur et les collectionneurs présents, échanges captés par les acheteurs à distance..

Pour ce qui me concerne, je ne visais pas de pièce particulière : seul peut-être le U-Neek m'attirait, me rappelant le temps lointain où nous partagions le projet, mon ami Jack Carré (décédé il y a plus de vingt ans) et moi, de revisiter ce concept breveté par l'américain Wilson Brady en 1917. Jack avait déjà choisi le nom sous lequel nous allions le commercialiser : c'était le "JackMarc". 



U-Neek


Mais les propos des amis m'ont plutôt découragé : l'objet était pour eux un gadget inefficace... et c'est ainsi que je l'ai laissé filer pour mieux le regretter ensuite !
Voici mes achats, des achats que je n'ai pas vraiment envie de commenter (mais sur lesquels vous pouvez bien sûr m'interroger) :




Finalement, je me demande si le meilleur achat n'est pas celui que j'avais réalisé le matin même à la brocante de la place des Victoires : un
classique bilame breveté par l’américain Machil Converse en 1899, non marqué, cabossé, mais muni d’une petite médaille avec inscriptions, sur une face : "VÉRITABLE CORK PULLER" et "DÉPÔT À PARIS", et sur l’autre : "MARQUE DÉPOSÉE" et "D.U" :



Une médaille "miraculeuse" !


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Une courte nuit plus tard, et après avoir rapatrié Patrick chez lui, je reprenais la route. Il y avait chez nous une poussée de cèpes et il ne fallait pas tergiverser !



Ma cueillette



Bon appétit !



M



dimanche 14 septembre 2025

ENIGMA N° 86 : NOUVEAUX ÉLÉMENTS CONCERNANT LES TIRE-BOUCHONS À HÉLICE DE JULES PIAULT ET DE JACQUES PÉRILLE ?


Amis blogueurs, bonjour !


ATTENTION, AMIS BLOGUEURS : TOUT CE QUI CONCERNE JULES PIAULT A ETE REMIS EN CAUSE PAR DE NOUVELLES RECHERCHES !
Cf. mon article du 25 septembre 2025 :


L'ENIGMA N° 86 a suscité des commentaires intéressants.
Je vous les livre et vous les commente avec l'aide de Jean-Pierre Lamy, coauteur avec moi du livre Les tire-bouchons à hélice. 

François Touzin nous a envoyé une photo de qualité réunissant  ses trois tire-bouchons, le Piault "PARIS J.C.P.", le Pérille "EXPOSITION" et le Pérille "au Compas" :




Merci encore, François.


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Plus technique, Lionel Belhacène, nous a envoyé deux commentaires :
Voici le premier :
"Deux petits points encore litigieux pour moi :
Pérille fabrique des TB "ménagère" depuis 1876 donc. Le Piault pourrait alors être conçu entre 1876 (et non 1878) et 1879. Il n'est pas obligé d'attendre 1878 pour en faire des modèles pour d'autres...
Ensuite, tu dis que le marquage au compas date de 1877. Alors pourquoi ne pas exposer un TB avec ce nouvel et beau marquage ? Manque de temps ? Pour une expo universelle, je pense qu'il aurait été fier de montrer aussi son nouvel emblème.
Il semble par contre tout à fait exact de penser que celui "exposition" et le Piault sont bien de même fabrique (et très certainement sortis des ateliers Pérille).
Pour conclure, il est aussi très bizarre que nous n'ayons jamais retrouvé un seul exemplaire de Trébutien (qui d'ailleurs n'a pas à mon avis son marquage TB dans un losange). Il a du en fabriquer et en vendre entre 1876 et 1880 (date de la saisie et peut-être de la destruction de TB dans son usine). Il est en effet fort à parier qu'ils ressembleraient à ceux de Pecquet avec les ailettes aplaties. Mais avec quel marquage ...??? peut-être aucun ????
Voilà, c'est histoire de faire parler !"

- Nous sommes d'accord sur l'essentiel : le tire-bouchon Piault marqué "PARIS J.C.P." est une fabrication Pérille.
- Concernant le premier point évoqué, dont acte : Pérille a pu fabriquer ce tire-bouchon pour Piault entre 1876 et 1879. La poignée est quasiment identique au dessin du brevet du 16 juin 1876. Mais je crois qu'il faudrait resserrer un peu la fourchette : j'imagine mal Pérille marquant un tire-bouchon pour Piault avant d'avoir commencé à marquer les siens.
- Concernant le deuxième point, nous divergeons un peu plus. J'ai présenté dans mon livre Tire-bouchons français - Fabricants, catalogues et documents commerciaux les deux marques déposées par Jacques Pérille le 26 février 1879 (et non le 29 octobre 1877 comme écrit par erreur dans mon dernier article). 
Voici ces marques : le "compas" est évoqué, mais seulement parmi les combinaisons possibles. La marque "au Compas" a donc dû être déposée ultérieurement... si toutefois elle a effectivement été déposée !




 Marques déposées par Jacques Pérille le 26 février 1879 
(et non le 29 octobre 1877 comme écrit par erreur dans mon dernier article).
Deux documents irremplaçables sur lesquels je prévois de revenir encore...


Si on accepte cette interprétation, on ne peut qu'en déduire que les modèles destinés à l'exposition de 1878 pouvaient être marqués "EXPOSITION", mais ne pouvaient encore être marqués "au Compas".
Mon sentiment est que Pérille a trouvé intéressant a posteriori de compléter ses marquages par le sigle "au Compas", peut-être bien en s'inspirant du marquage de Piault (le cercle dentelé, notamment), mais on ne le saura sans doute jamais.
- Concernant le dernier point, nous sommes en phase : la copie par Trébutien, léguée à Pecquet avec la vente de l'entreprise en 1883, est probablement l'hélice à pales aplaties, éventuellement avec échancrures, commercialisée par Pecquet (cf. tableau ci-après). Il n'y avait en effet pas de raison de modifier ce tire-bouchon, la Cour de Cassation ayant conclu en 1884 que, bien qu'ayant été copié sur celui de Pérille, il n'était pas stricto sensu une contrefaçon.


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Le deuxième commentaire de Lionel se rapporte à la photo envoyée par François Touzin :
"Je viens de consulter le livre "les brevets des tire-bouchons français" de Gérard Bidault. En observant bien les dessins du brevet de Pérille et celui de la ménagère casse noix de Trébutien de 1882, je trouve que la tête des Trébutien correspond beaucoup à celle du tire-bouchon de François marqué JCP. Elle est encore un peu plus plate, un peu moins anguleuse aux apex et avec un trou central descendant plus dans l'épaississement de la tête. Celle du tire-bouchon du milieu (tout comme celle du tire-bouchon marqué "Exposition") ressemble par contre beaucoup à celle du brevet de Pérille. petits détails, mais feront-ils la différence ???"

De mon point de vue, toutes ces observations ne peuvent que nous faire progresser. La seule nuance que j'apporterai est que les cotes des poignées représentées dans les dessins de brevets sont rarement respectées dans les fabrications ultérieures (cf. tire-bouchon casse-noix de Trébutien, par exemple).
Pour prendre en compte ces observations, j'ai essayé de réunir les différentes versions des poignées Pérille, Piault, Trébutien-Burel et Pecquet dans le tableau comparatif ci-après (on y voit notamment les différences entre dessins de brevets et fabrications effectives) :





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Merci à Jean-Pierre, François et Lionel, ainsi qu'à tous ceux qui se sont intéressés à cette énigme.



M

mardi 9 septembre 2025

BRADERIE DE LILLE 2025

 

Amis blogueurs, bonjour !


Oui, nous sommes encore allés à la 

Braderie de Lille, édition 2025, 

et donc depuis j'ai mal partout, perclus de fatigue et d'arthrose... ce n'est plus de mon âge !

Le calme trompeur de la Deûle ferait presque oublier la foule qui se déversait un peu partout :






Mais évidemment, avec autant de monde, vous ne pouvez pas vous perdre et vous  rencontrez forcément des gens qui vous reconnaissent...


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Les rencontres



- Gérard, psychiatre messin, et Chantal son épouse, m'ont demandé de très bonne heure si j'allais bien... hum !

- Des inconnus m'ont demandé si j'avais été proviseur de lycée à Troyes... ben oui !

- Le marchand alsacien à qui j'ai acheté une aune (cf. plus bas) s'est souvenu m'en avoir vendu une à Metz il y a quelques années... il reconnaissait ma voix : mais comment fait-il, celui-là ?

- Bien sûr, Muriel et Stéphane Terrières, tenaient leur stand : le mieux achalandé de la braderie !




- Et puis survint ce concurrent qui fit main basse sur un tire-bouchon que je convoitais avant de m'apostropher d'un sonore : "Vous êtes Marc !"... comment démentir ?




Vous aurez peut-être reconnu Guy Vlaeminck, lequel avait raflé sous mon nez il y a quelques mois - et sous celui de quelques autres collectionneurs belges - une collection que je croyais acquise. Ainsi va la vie ! Bravo à lui !

- Il y eut aussi ce drôle de chineur, bien escorté, mais oubliant un peu de regarder les stands, même de loin :



Chineur de voix, peut-être ?


-  Tout ce beau monde se lâche, même les écorchés se permettent des gestes déplacés :



Oh !


Ajoutons les moules, les frites, la bière... Bon, voilà pour l'ambiance !
Mais ta pêche ? me direz-vous ,


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Les trouvailles


Rien d'extraordinaire cette année :





Gardons les tire-bouchons et la bouteille pour conclure et listons :
- un pied à coulisse, début XIXe siècle,
- deux coupe-vitre, dont l'un contient un tournevis,
- un stéthoscope de sage-femme destiné à écouter battre le cœur du fœtus dans le ventre de sa mère,
-  un ancien presse-agrumes en fonte d'aluminium, ainsi qu'un petit instrument de cuisine permettant de réaliser des coquilles de beurre :




- ajoutons une aune de mariée, objet que j'avais déjà évoqué sur ce blog :
"En Alsace, l'aune de mariage ou aune de mariée était le cadeau traditionnel que devait faire le promis à sa jeune fiancée. C'était là le gage que celle-ci serait bonne épouse et bonne couturière ; et de fait une belle aune servait une vie entière, voire se transmettait de génération en génération.
Son nom était celui d'une unité de mesure ancienne : l'aune drapier, pièce de bois ou de métal utilisée par les drapiers et, par extension, par les couturières pour mesurer les tissus.
La mesure était locale, l'aune de Paris valait d'ailleurs approximativement le double de l'aune drapier alsacien. L'aune alsacienne avait une longueur totale d'environ 66 cm, mais la partie utile, graduée, ne mesurait qu'environ 54 cm.
Le fiancé se devait de faire en fonction de ses moyens autant que de l'amour qu'il portait à sa promise. Il pouvait acheter ou, mieux, fabriquer et personnaliser son cadeau et certaines aunes richement décorées sont aujourd'hui très recherchées."


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La bouteille


C'est une bouteille soufflée, avec stries, bulles et imperfections de fabrication. Elle est de couleur vert sombre, haute de quasiment 30 centimètres, de forme tronconique inversée, avec des épaules bien marquées et un col très haut (14 cm). 
Le col se termine par deux bagues ou collerettes rapportées, manifestement destinées à ligaturer un bouchon. On peut en déduire que cette bouteille, dont la forme diffère nettement de celle de la bouteille champenoise, était cependant destinée à contenir la pression d'une boisson gazeuse, le cidre par exemple.




Le cul de la bouteille a été foncé au pontil (canne pleine) comme en témoignent des ébréchures : cette technique est spécifique au XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle.




Sa masse vide est de 880 grammes et sa contenance est d'environ 72 centilitres.
Peut-être pourrez-vous m'en dire plus sur sa provenance ? 
Pour moi, elle est vraisemblablement normande, destinée à contenir du cidre, et date du tout début du XIXe siècle.


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Les tire-bouchons





- Celui de gauche m'a été quasiment donné : c'est un Coville assez commun, à hélice libre et ailette décapsuleur, avec cage en fonte d'aluminium.

- Celui du milieu, tout en acier, est un Pérille, époque Jacques Pérille, bien marqué sur le fut de la mèche.

- L'exemplaire de droite interpelle davantage : la poignée est en bronze à décor moulé de pampres de raisin, mais le fut de la mèche est marqué ACIER J.T. :




"J.T." doit correspondre à Joseph Jacques Toulon, lequel s'était installé vers 1925, au 58 rue des Tournelles Paris 3°, à la place de la fonderie-moulage Caillon. 
Cet atelier, créé en 1887 par Jean Charles Caillon, mécanicien fondeur, avait été vendu par sa veuve à un nommé Cordeau en 1923, deux ans avant que Toulon le rachète pour en faire le siège de son entreprise.
Comment dès lors ne pas imaginer que Toulon a monté des mèches qu'il fabriquait sur des modèles de poignées moulées de Caillon ?


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En résumé, pas de découverte majeure, mais ...




"Marc est content", comme l'a repéré l'ami Mathias, également présent à Lille !

Ou, comme l'a si bien exprimé notre petite-fille de six ans :




Papy est fatigué. Il dort et rêve qu'il a trouvé une montagne de tire-bouchons !



M

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